Global Bioenergies produit un isobutène biosourcé offrant une alternative à l’isobutène issu du pétrole. La société annonce qu’elle n’a pas réussi à financer son usine de 2 500 tonnes dédiée au marché de la cosmétique, dans un contexte général décrit par l’entreprise comme très défavorable au financement des premières industrielles.
Global Bioenergies souhaite désormais orienter ses activités principalement vers la production de carburant d’aviation durable (SAF pour Sustainable Aviation Fuel), avec un modèle de partenariats industriels.
« Malgré tous les efforts déployés ces derniers mois et en ayant la conviction d’avoir présenté un dossier le plus mature possible, nous faisons aujourd’hui le constat que nous ne parvenons pas à financer notre projet d’usine. Comme toutes les premières industrielles, ce projet comporte nécessairement des risques à différents niveaux. La perspective d’un retour sur investissement important lié au marché de la cosmétique aurait dû permettre de convaincre des investisseurs privés de s’engager dans ce projet, mais force est de constater que ce n’est pas suffisant dans les conditions politiques, économiques et financières actuelles. Aujourd’hui, les investisseurs infrastructure se limitent à des projets de répliques industrielles moins risquées1 , et à des projets plus directement centrés sur les marchés de l’énergie », indique Samuel Dubruque, directeur administratif et financier de Global Bioenergies.
« Global Bioenergies regrette la non-concrétisation de ce projet et en tire les conséquences : la Société ne portera donc pas de projet d’usine en propre à court ni moyen terme, et focalisera tous ses efforts vers un modèle de partenariats. La valeur intrinsèque du procédé développé par Global Bioenergies n’est pas diminuée par la non-réalisation de ce projet de première industrielle dimensionnée pour répondre aux besoins du marché de niche de la cosmétique. Notre ambition principale reste de produire des volumes bien plus importants de SAF, pour réduire l’empreinte carbone du secteur aérien et lutter contre le réchauffement climatique, aujourd’hui une priorité absolue. Pour y parvenir, le mode du partenariat technologique est le plus adapté », explique Marc Delcourt, co-fondateur et directeur général de l’entreprise.
La technologie développée par Global Bioenergies permettant de produire de l’isobutène à partir de ressources naturelles fait partie des solutions certifiées par l’ASTM, un organisme mondial de normalisation. Selon l’entreprise, le marché du carburant d’aviation durable est aujourd’hui en phase d’amorçage, et connaîtra une véritable accélération en 2030, lorsque le mandat européen passera à 6 % (soit environ 3 millions de tonnes/an) et que la production aux États-Unis atteindra l’objectif du « Grand Challenge » de 3 milliards de gallons par an (soit 9 millions de tonnes/an)2.
La biotech française, qui ambitionne de contribuer à l’atteinte de ces objectifs des deux côtés de l’Atlantique, maintient l’intention de servir les marchés de niche, et en particulier celui de la cosmétique.
1- Réussir le passage à l’échelle des cleantech en France (website-files.com) – Cleantech for France
2- Sustainable Aviation Fuel Market Outlook – June 2024, SkyNRG