La Fédération des chambres syndicales des industries du verre représente, en France, les industries verrières relevant des filières de l’emballage, du verre plat, de la gobeleterie, de l’isolation, de la fibre et des verres techniques. Elle regroupe les chambres syndicales des verreries mécaniques de France (CSVMF), des fabricants de verre plat (CSFVP) et des verreries techniques. Selon elle, les émissions totales de la filière verre représentent 2,7 millions de tonnes de CO2, soit 3 % des émissions industrielles de CO2 en France et 0,6 % des émissions totales françaises. Quelque 80 % des émissions de la filière sont liées à l’utilisation d’énergies fossiles (principalement le gaz naturel) essentiellement utilisées pour fondre le verre, et 20 % sont des émissions dites de procédé, liées à la décarbonatation des matières premières (principalement le carbonate de soude et le carbonate de chaux).
La filière verre a ainsi mis en place une stratégie de décarbonation volontariste à travers une feuille de route dont les principaux leviers sont l’utilisation d’énergies décarbonées (électricité, biométhane, etc.), l’utilisation de matières premières décarbonatées , l’amélioration de l’efficacité énergétique des procédés, le recyclage du verre et l’éco-conception des produits.
« Le verre, omniprésent dans notre vie quotidienne, s’inscrit parfaitement dans une logique d’un monde durable. La transition de l’industrie verrière vers un monde décarboné est en marche. Les verriers s’engagent et investissent dès maintenant dans des actions et des projets afin de décarboner leur production », indique Jacques Bordat, président de la fédération des industries du verre.
Recours aux énergies décarbonées
L’apport d’énergie requis par la production du verre à feu continu (matières premières à une température d’environ 1300°C à 1400°C) est principalement assuré par du gaz naturel et de l’électricité. Sur l’ensemble du parc, l’énergie consommée provient à 75 % du gaz naturel et 20 % de l’électricité.
Ainsi, l’industrie travaille activement pour diversifier son mix énergétique et s’orienter au maximum vers l’utilisation d’énergies décarbonées afin d’éliminer à terme les énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre.
L’électrification des fours et des procédés est donc la voie majeure de décarbonation selon la fédération des industries du verre. En substituant le gaz naturel par de l’électricité décarbonée, l’industrie verrière évoluera d’un statut d’industrie gazo-intensive vers un statut d’industrie électro-intensive.
En fonction des tailles de fours et des types de verre élaborés, des fours 100 % électriques, ou bien des fours hybrides électricité/gaz avec une proportion de 80 % d’électricité et 20 % de gaz devraient être construits. En complément de l’électrification, le résiduel de gaz naturel fossile sera progressivement remplacé par des biogaz avec en particulier du biométhane.
Très fortement électrifiés, les fours hybrides électricité/gaz sont particulièrement adaptés aux fours de grande dimension (emballages alimentaires et verre plat) et sont donc clairement au cœur de la stratégie de décarbonation de l’industrie verrière.
Cette réflexion sur les fours hybrides avait été initiée dans le cadre d’un projet européen collectif « Furnace for the Future » porté par la Feve (Fédération européenne du verre d’emballage). Des projets de fours industriels hybrides (80% électrique et 20 % gaz) de grande capacité (350 tonnes de verre par jour), ouvant accepter un haut taux de calcin, ont ainsi émergé en Europe. Plusieurs investissements de fours hybrides ont été annoncés en (Allemagne, Espagne, France). Le premier four hybride a démarré une production industrielle en 2024 en Allemagne. Le site havrais Tourres & Cie de Saverglass sera, par exemple, équipé en 2027 d’un four hybride, électrifié à 80 %.
Améliorer la collecte du verre d’emballage et accélérer la collecte du verre plat
Pionnier du recyclage, le verre est recyclable à 100 % et à l’infini, et son taux de recyclage progresse régulièrement, atteignant 77,9 % en 2021 selon l’Ademe (88 % pour les emballages ménagers). Depuis près de 50 ans, le verre d’emballage est ainsi collecté et recyclé pour être de nouveau transformé en de nouvelles bouteilles, pots et bocaux en verre. Ce verre trié en vue du recyclage (le calcin) est devenu la principale matière première des verriers et représente près de 65 % des matières premières. L’utilisation massive de calcin permet d’économiser l’énergie nécessaire pour fondre le verre et de limiter l’utilisation des ressources naturelles. Le recyclage du verre est aussi un levier majeur pour décarboner la production des emballages en verre. Une tonne de verre recyclé permet d’éviter 500 kg d’émissions de CO2 .
Un nouvel enjeu est la collecte et le recyclage du verre issu des déchets du bâtiment où le gisement de verre plat est estimé à 200 000 tonnes avec à ce jour un taux de collecte faible. La mise en place en 2023 de la REP PMCB (responsabilité élargie du producteur – produits et matériaux de construction du bâtiment) doit permettre, grâce à la mise en œuvre d’un système de collecte efficace et bien maillé sur le territoire, de progresser rapidement.
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