Anne Charpentier, fondatrice de Skinobs, société qui édite des plateformes techniques dédiées aux tests in vitro et ex-vivo, apporte son éclairage sur les évaluations cliniques des signes de vieillissement corrélés aux changements hormonaux, et à la ménopause en particulier.
Comment évaluer cliniquement la modification de la peau causée par les changements hormonaux liés à la ménopause ?
Le vieillissement cutané intrinsèque corrélé à la carence hormonale, notamment liée à la ménopause, s’apparente au vieillissement lié à l’âge. Ses principales manifestations sont progressives, avec une grande variation interindividuelle. Ces changements cutanés qui apparaissent, signent l’hormono-dépendance de la peau et peuvent entraîner une diminution de l’estime de soi et du bien-être. Le vieillissement extrinsèque quant à lui, dû à des facteurs environnementaux souvent appelés exposome – soleil, tabac, alcool, pollution, alimentation, sommeil, stress – représente environ 70 % du vieillissement. Il modifie le capital génétique, mais il est réversible. SkinObs résume les différentes options d’évaluation.
On peut catégoriser les signes du vieillissement cutané dus à la ménopause ainsi :
- Couleur et pigmentation de la peau : rougeurs, éclat, taches de sénescence, homogénéité et éclat du teint,
- Topographie cutanée : pattes d’oie, sillons, rugosité,
- Hydratation et NMF (Facteurs naturels d’hydratation): épiderme, derme
- Structure de la peau : densité, épaisseur, jonction épidermique, fonction barrière,
- Volume : Relâchement du visage, ovale du visage, poches, paupières,
- Propriétés biomécaniques : fermeté, tonicité, élasticité, collagène, etc.
Les études sur la perception du vieillissement hormonal cutané montrent que la catégorie des soins de la peau pour les peaux ménopausées s’apparente à celle des soins liés aux facteurs de vieillissement, incluant les changements hormonaux intrinsèques. Outre les variations géographiques de leur statut réglementaire selon chaque pays, leurs performances annoncent généralement plusieurs effets reliés à divers mécanismes cellulaires et biochimiques (microbiote, kératinocytes, fibroblastes, mélanocytes, récepteurs nerveux…)
- Ciblés sur des mécanismes d’action : Hydratation, relief cutané, collagène, communication cellulaire, jonction dermo-épidermique…
- Localisés : rides, ovale du visage, du cou, des mains…,
- Focalisés sur différentes profondeurs cutanées : épiderme, jonction dermo-épidermique, derme
Au-delà d’une efficacité classique sur la surface et la structure de la peau, les soins dédiés aux peaux ménopausées procurent des améliorations aux plans émotionnel, de bien-être et de sensorialité… Les signes cutanés du vieillissement continuent d’être étudiés avec une grande précision, pour apporter une preuve tangible des performances du produit. La promesse est généralement une récupération de l’élasticité des tissus, des volumes et de la forme du visage. Le tableau ci-dessous résume les différentes revendications associées.
Comment objectiver les soins « pro-âge » pour les peaux concernées par les changements hormonaux liés à la ménopause ?
Si on intègre la notion de « bien-être » dans les soins proposés, le terme « Pro-age » ou « plain-age » semble plus adapté que celui d’ « anti-âge », parce qu’il tient davantage compte de l’état de la peau dans sa globalité. De nombreuses solutions d’analyse des performances pro-âge sont à la disposition des marques de cosmétiques pour démontrer cliniquement les effets de leurs produits via des mesures biométrologiques et scientifiques.
L’identification des propriétés de ces produits « pro-age » s’appuie sur une approche sensorielle, parfois neurosensorielle et holistique. Le ressenti et les impacts sur la qualité de vie sont mesurés. 5 grandes catégories de tests s’offrent aux investigateurs : tests consommateurs, analyses sensorielles ou émotionnelles, études biométrologiques, scores cliniques.
SkinObs a répertorié dans le tableau ci-après les dispositifs permettant de valider les performances des produits de soins pour lutter contre les changements hormonaux causés par la ménopause, via une objectivation quantitative, semi-quantitative ou d’imagerie. Le protocole peut être multiparamétrique, suivant les effets à étudier.
Nous rappelons qu’il est essentiel de prendre le temps, avec les laboratoires de tests, de concevoir chaque protocole et de définir précisément, les critères d’inclusion, la cinétique des mesures de temps, les conditions de traitement, la méthode instrumentale la plus adaptée.
Perspectives d’évolution des processus d’évaluation
L’imagerie de la peau, du centimètre à l’échelle nanométrique est de plus en plus cruciale. Elle permet de mesurer avec une grande précision les différents éléments et structure de la peau : eau, lipides, jonction dermo-épidermique, matrice extracellulaire, fibres etc.
Ces différentes mesures biométrologiques de haute technicité conduisent à relier la technologie aux nouveaux usages numériques de personnalisation, de la boutique à la salle de bains. Cette connexion entre l’objectivation et la manière numérique de choisir et d’acheter peut rapprocher les cosméticiennes de la réalité du marketing. Que ce soit pour le vieillissement, l’éclat, les propriétés biomécaniques ou l’hydratation, les différentes techniques apportent une résolution plus élevée, une zone de mesure plus large, des méthodes non invasives, sans contact et directes. Les algorithmes et les statistiques seront les facteurs clés de succès de ces nouvelles technologies.